Présentation
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Voilà un créateur atteint d’un mal qui ne pardonne pas: la modestie. Peintre, graveur, muraliste. Critique et très souvent soutien efficace de ses confrères artistes, il œuvre sans bruit. D’une identité originale (son père est né à Jérusalem, sa mère à Molenbeek) il a hérité d’une sensibilité aiguë. Son enfance s’est déroulée aux portes du Payottenland cher à Bruegel sur fond de chansons Yiddish et hébraïques.

Au plus noir de la tourmente, en 1943, il rencontre Roger Somville dans la classe de Marcel Tits. « C’était un temps déraisonnable… On prenait les loups pour des chiens » (Aragon)
Une poignée de jeunes peintres créent Contact, sorte de cellule de résistance au fascisme par l’art. N’en déplaise aux révolutionnaires en chambre d’aujourd’hui, même cela était dangereux. Quelques artistes, tel Fernand Wery, seront arrêtés pour « rassemblement de personnes ».

Dans l’après-guerre, Jean Goldmann œuvre avec les Métiers du Mur, mouvement parallèle à Force murale, pour rénover la tapisserie de Tournai. Il participe à la Biennale de la Tapisserie de Gand en 1948, à la Quadriennale de Liège en 1953. Ses œuvres picturales et graphiques iront de Leipzig à Hammamet et il expose notamment à la Galerie Rencontre.

Si quelqu’un un jour doit écrire l’histoire du Mouvement réaliste en Belgique, c’est bien Jean Goldmann car il a vécu toute l’aventure de l’intérieur. C’est lui qui a organisé les expositions de 1982 et 1983 rassemblant les artistes que la vie ou le changement de facture séparent. Sa carte blanche au Parvis de Saint-Gilles en 1988 était comme une fresque historique du Mouvement.
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En peinture, Jean Goldmann est volontiers intimiste. Tantôt il joue sur la douceur des nus dans des intérieurs, tantôt il évoque un moment clé : la naissance. Dans une de ses plus belles toiles on voit le nouveau-né soulevé par des mains expertes tandis que la mère repose épuisée, délivrée.

Pour les scènes de rue, l’artiste aime l’heure entre chien et loup, les aspects provinciaux de la banlieue à moins qu’il ne fustige le massacre des vieux quartiers. Il est inspiré par le métro et les voyageurs anonymes. Témoins de son temps, il a peint les enfants errants de toutes les guerres.
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Sur papier, le plasticien reste lui-même mais il aborde d’autres rives. A coté des gravures réalistes sur New York et où l’on entrevoit des bars peu engageants, il met pointe sèche et eau-forte au service d’un art érotique très personnel. Il y montre les errances du désir chez les « enfermés » des prisons, des ségrégations, des handicaps physiques ou mentaux. Il y a bien entendu des planches plus « heureuses », d’un érotisme délicat, pleines d’une saine ardeur de vivre.

A travers ses Suzanne et les Veillards, ses femmes enceintes, ses étreintes rageuses, c’est l’art réaliste qu’il sert et présente non seulement comme une vision du monde mais aussi une poétique du monde.

Anita Nardon in « 50 artistes de Belgique Volume 4 » ,  Ed Logo Bruxelles 1989