Revue de presse - Les années 70
1970 - 1980 - 1990 /1 - 1990 /2 ..
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Le Drapeau rouge du 20 février 1974

C’est une très belle exposition que celle de Jean Goldmann: 34 dessins et lavis où l’artiste confirme sa déchirante sensibilité et témoigne d’une maîtrise raffinée.

Le nu domine à la galerie Le Creuset. Le nu dans ce qu’il a de plus vulnérable, de plus fragile. Il y a quelque chose de cruel dans le crayon ou la plume de Goldmann : ces vieilles au ventre flasque, aux seins tristes, il aime les montrer à coté de jeunes corps pleins et fruités. Obsession du temps qui s’écoule ? Obsession de la mort ? Peut-être. Mais elle n’empêche ni la tendresse, ni les connivences, ni même la gaieté. Le petit pas de danse par exemple, adorablement juvénile, résonne comme un rire heureux.
C’est encore la fragilité qui fascine Jean Goldmann dans ses quatre différentes Dulle Griet tandis que ses Ménades respirent une harmonie mélancolique. Il faut aussi regarder les dessins non encadrés : il y a là notamment un portrait d’homme plein de flamme et d’émotion qui a beaucoup à dire.

«  Ce qui est primordial, c’est de témoigner, d’être sensible à ce qui se passe dans le monde, soit sur le plan spectaculaire des grands évènements internationaux, soit sur celui, plus secret, des évènements intimes ou quotidiens. Les uns se reflétant consciemment ou non  sur les autres. L’essentiel c’est d’être, à partir de ses options politiques ou philosophiques, un témoin actif ou non, un someilleur esthétisant, un révolutionnaire phraseur ou un idéaliste pantouflard ». Cet extrait d’un «  Projet de thèse pour la défense du réalisme, c’est Jean Goldmann qui le signait, il n’y a guère avec Roger Somville .
L’exposition de ses dessins et de ses lavis se situe bien dans la foulée de ce texte généreux. Goldmann est ici le témoin d’un univers secret, intime, mais non retranché des réalités extérieures. Son univers secret est en prise directe avec le monde et ses luttes

Rosine Lewin

Le Soir du 1er mars 1974

La galerie Le Creuset expose un choix de dessins et lavis monochromes de Jean Goldmann. Celui-ci a repris dans son catalogue une pensée de Jacques Maritain « l’art est toujours le résultat d’une contrainte. Croire qu’il s’élève d’autant plus haut qu’il est plus libre, c’est croire que ce qui retient le cerf-volant de monter, c’est sa corde »

Témoignage social et humain, cet art fiévreux et sensuel rappelle la voie ouverte par Roger Somville. Les thèmes de Dulle Griet et des vieillards et Suzanne s’inscrivent parfaitement dans cette perspective lyrique dont le réalisme est enrichi par un rapport fantasque. Jean Goldmann a dessiné des nus plébéiens et des paysages aux savants dégradés d’encre de Chine coupée d’eau. Son style porte encore la griffe puissante de Charles Counhaye qui fut le maître d’une génération sensible à son inspiration humanitaire.

P Caso

Vooruit van 7 maart 1974

Jean Goldmann  stelt tekening en gewassen tekeningen tentoon in Galerij Le Creuset, Brussel tot 9 maart. Sinds lang zagen we geen werk van hem J Collard loofde de tekennaar in een belangrijk artikel Van Tiegem van zijn kant eveneens.
Los van zijn leermeester (die al te veel tam-tam maakt) baant Goldmann zich een weg in de erotische obsessie; de vrouw, het naakt en ook de zwaarlijvige. Dikwijls inspireert het klassieke schilderijtema Suzanne met de grijsaards hem een herhaalt hij dit in varianten tot viermaal toe! Grijsaard met Menaden krijgen ook vier komposities toebedeelt en evenveel onderwerpen wijdt de tekenaar aan Dulle Griet (dat het Mayer-Vandenberg- museum in Antwerpen siert)

De tekenaar gaat te werk als een schilder: de gewassen tekening staat natuurlijk maar een stap daarvan verwijderd. Hij striemt ahw als regen zij penseeltrekken neer op het papier, waarin hij schaarse schuine strepen uitspaart, door het met lijm in te strijken.
Het geeft licht en tevens dynamiek aan de kompositie, de opstelling van de figuren: de man klaar om zin prooi te bespringen; de vrouw die al haar middelen uitput om middelpunt van de wereld te blijven, al roepen anderen, elders, dat de vrouw niet genoeg “aan bod” komt!  Kwestie van nemen en geven…

De tekeningen zijn vlot, de vertaaltrant boeiend, met pointes. Nooit saai; nooit vulgair: wel op de man af, dus eerlijk en doorvoeld: de dagelijkse realiteit haast, geput uit het leven zelf: in een ander kontinent dan Geeraerts “gan –green”. Hier ergens aan  het strand, met waaiend haar op een rennend paard, in een kamer, in het bos….

Goldmann zet een soort spot op levensdriftige personages die zonder masker leven: moet hem dit kwalijk genomen worden? We kunnen besluiten: wanner een kunstenaar anderen op deze wijze kan overtuigen van het beleefde avontuur, dan heeft hij zijn doel juist bereikt. De suggestie evenaart de werkelijke sfeer.

L.E. Bergen

le DR du 4 décembre 1974 - Dessins et Lavis de Jean Goldmann

Jean Goldmann est mince, pas très grand, effacé : il circule entre ses dessins accrochés aux murs en visiteur que l’exposition ne concerne pas. Et pourtant il est représenté 69 fois sur le plâtre des cimaises. Indirectement, mais avec brutalité, dans ce qu’il pense, ce qu’il aime, ce qu’il ressent, ce qu’il redoute, ce qui l’obsède. Lui si modeste où va-t-il chercher ce courage à se laisser voir et flairer du regard ? Bien sûr, il n’en est pas à sa première exposition. (…) Et puis Jean Goldmann éprouve sans doute le besoin de se remettre de temps en temps en selle, d’affronter des autres un jugement dont il connaît la pratique. Que l'original inconscient et fou qui le juge devient prévenu. Il est vrai qu’il ressemble peu à trop de ses confrères, véritables trafiquants d’influence ou fossoyeurs de leur état. Ses articles, je les suis depuis des années et si parfois, je ne mets pas mes pas tout entiers dans les siens, toujours je suis séduite par l’argumentation ouverte, la sensibilité et la rigueur dont ils témoignent. Depuis longtemps, je voulais le lui dire et je n’ai osé le faire au soir du vernissage. Je le lui dis ici et j’en suis joyeuse.

De Jean Goldmann, mince pas très grand effacé, je me tourne vers ses dessins et lavis et je suis abasourdie : ils sont puissants, concentrés, ils vivent d’un potentiel sensuel étonnant. De Goldmann, agglomération de matière, il ne doit rester qu’une enveloppe, une chemise et un veston. C’est qu’il dessine  avec chair et tripes, cet homme là. La joie, la douleur du trait rayonnent en ondes hertziennes. La recette est simple, les choses essentielles sont toujours simples : dessiner avec sa vie. Une vie pleine de contradictions : La Rieuse ne tient-elle pas ses mains devant son sexe en corps effarouché par la nudité alors que la tête rit d’une oreille à l’autre mutine et désinvolte, même le nez s’amuse ; les Poseuses jambes enracinées dans le sol, robustes et matérielles, portent des visages-flambeaux ironiques et persifleurs ; Ressac crie bouche ouverte, appel sans voix, et agresse par ses jambes ouvertes, pubis à l’air ; Colonel en retraite marche d’un pas martial, promenant une baderne en ruines.

Le jeu des noirs et blancs aussi est incessant, surtout dans les paysages où le dessinateur semble vouloir par la maîtrise de la technique, montrer du noir, le blanc et du blanc, le noir. Goldmann joue avec volupté des oppositions de fond et de forme au point que par ricochet, la matière se venge et vit d’une vie propre, autonome, intense et souveraine. Le thème principal de l’exposition sont les Ménades, ce délire du corps, les Suzanne et les vieillards, outrage du temps, les Dulle Griet. (…) Et seule, unique dans l’œuvre exposée, une jeune femme vole sans ailes, Petit pas de danse, aérienne et légère, d’un trait si merveilleusement doux que seuls rappellent, tendres, imputresciblement tendres, les couples enlacés des Tendresse, envie d’aimer, d’aimer, d’aimer….

Paule Leclercq

La Libre Belgique des 10 et 11 janvier 1975 - Menades, géodes et colifichets

Jean Goldmann, peintre et critique d’art est un homme discret, efficace, d’une modestie désarmante. Il est gentil, il parle peu, il ne manque pas d’humour. Son cœur bat à gauche et même à l’extrême gauche, et il fut - et demeure - un des compagnons de Roger Somville dans le combat de celui-ci pour le réalisme, pour le muralisme, contre le terrorisme intellectuel exercé par ceux qui ont voulu imposer la suprématie absolue et définitive de la non–figuration. Jean Goldmann a réuni ses œuvres au « Cercle d’éducation populaire » et la rencontre de celle-ci provoque une émotion peu ordinaire. « En prise direct avec la vie mais (dixit Somville dans une préface coruscante) avec une sourdine sur le pot d’échappement pour mieux écouter le murmure des êtres, des pierres et des arbres ».

Maître de son trait et de sa vision, mais également habile joueur des ombres et des blancs, l’artiste aborde avec une chaleureuse éloquence, une sensualité dionysiaque, les thèmes de la passion humaine. Les vieillards égrillards poursuivant Suzanne au sortir du bain., les Ménades (comme ce nom prend plus de pouvoir dramatique que celui de Bacchantes), les folles échappées aux cheveux flottants, rivalisant d’ivresse exubérante et de lubricité fessue. C’est là un art curieusement débridé dans son inspiration mais d’une souveraine exigence dans son métier. On voit se mêler à ces scènes échevelées de rapts et  de fuites, la tragique Dulle Griet sur son coursier squelettique, pareille à la Mort, elle-même, ange exterminateur qui va pouvoir tailler dans tant de chair offerte.
Mais tout n’est pas orgiaque ou tragique dans l’art de ce peintre si peu accordé physiquement  à tant de convulsives violences. Il y a des moments de détente d’une extraordinaire douceur : une fille rieuse sur une plage déserte, la tendresse d’un couple enlacé, un petit pas de danse tout guilleret pour exorciser une tension trop grande. Il faut découvrir l’œuvre de Jean Goldmann et l’aimer. Il faut le sortir de l’ombre. Elle est riche et assurée de durer

Stéphane Rey

Vooruit van 29 december 1976

In het Kultureel Centrum, tweekerkenstraat, St Joost-ten-Node zagen we en zeer onsamenhangende groep die zichzelf onder het motto van André Lhote, de post-kubist plaats met « peinture d’abord ». Nochtans is de enige die aandacht verdient een tekenaar die het liefst zijn bladen in was zet en dan met zwart of wit beschildert, uitkrast en desnoods, de vormen bijtekent: Zijn naam is Jean Goldmann. Soms inspireert hem de absurdheid van het leven liefst een fragment uit Dulle Griet  of wel sarcastisch benaderde gewone gebeurtenissen uit het leven van een kunstenaar: zijn modellen, de erotische kant niet vergeten.

 L.E. Bergen